J'étais bouleversé par cette rencontre qui venait de me propulser brutalement dans des souvenirs que j'aurais préféré oublier. Alison. Elle représentait tout. L'amour, le plaisir, l’espérance, l’inaccessible ; mais également la déchirure, la brutalité, la souffrance, la torture. Elle était fiancée, elle était fiancée à un homme que je n'arrivais pas à apprécier. J'étais celui qui restais de côté, celui qu'on oubliait, celui que l'on torturait. J'étais stupide de croire que tout pouvait s'arranger, stupide de croire que mon attitude pouvait me permettre de retourner auprès d'elle. Je crevais d'envie de la savoir à mes côtés, mais je faisais tout pour la repousser. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas. Putain. Ce simple regard avait su provoquer un énormément bouleversement. Tsunami, dévastateur. Elle était de retour. Je devais rester là, soumis, à la contempler vivre de cet amour qui me paraissait tellement faux. Cela devait être elle et moi, cela devait être nous. Je faisais rouler mon verre entre mes doigts, larmes aux yeux. On frappa à ma porte, je resserrais mes poings. N'avais-je donc pas le droit de me retrouver seul ? J'avais besoin de respirer, j'avais besoin de cesser de me concentrer sur elle. Soupirant, je m'aventurais auprès de ma porte d'entrée que j'ouvrais sans prendre le temps d'y regarder au préalable qui était là. Oui ? demandais-je avant de découvrir avec stupeur ce visage que je connaissais que trop bien. Mon verre se déroba de ma main, comme l'avaient auparavant fait ces marrons grillées que j'avais acheté. Elle se foutait de moi, elle se foutait de nous ? Je tentais aussitôt de masquer ses larmes qui s'étaient éprise de mon visage. Saloperie, saloperie d'Alison qui venait d'anéantir tout ce qui restait de ma personne. J'avais tellement envie de la prendre dans mes bras. Tellement envie de lui dire d'aller se faire foutre. Que me vaut l'honneur de ta présence ? lui demandais-je, souriant, faussement souriant. Tu souhaitais me prévenir de tes fiançailles afin que je puisse te féliciter ? ajoutais-je tout en me décalant, je devais nettoyer ce verre de whisky qui avait noyé mon carrelage. Je la laissais donc durant quelques secondes seule face à son erreur : celle d'avoir décidée de se rendre à mon domicile. Je revenais, éponge et balais en main. Activement, je retirais les bouts de verre, peu soucieux de mon corps et des coupures que je m'infligeais.
Victoria.
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Sujet: Re: closing (alison) Lun 26 Nov - 2:26
(+) Minuit. Éternelle vagabonde, mes pas m'entraînent sur le chemin du quartier de Riverside. Les reflets argentés de la lune se perdent sur le bitume humide et je ne peux m'empêcher de me revoir un an en arrière. Dévastée, l'esprit qui s'envole, la pluie, le vide. Cette fille dont l'identité m'est aujourd'hui encore inconnue, et enfin Ezra, pièce maîtresse du passé que j'ai préféré fuir car le silence que nous nous affligions m'était devenu insoutenable. Un silence constant qu'il semble vouloir faire perdurer. Je sais qu'il m'évite, qu'il ne veut pas me voir, qu'il ne veut pas m'entendre. Ce qu'en revanche je ne sais toujours pas, c'est pourquoi. Et c'est précisément la raison de ce qui m'amène ici ce soir. Obtenir les réponses aux questions que je n'ai jamais cessé de me poser. Qu'importe les efforts, la rancœur et la souffrance que ça risque de nous coûter. Je ne le lui laisse pas le choix. Il ne pourra pas se défiler. Pas cette fois. Oui? La porte s'ouvre avant même que je n'ai le temps de réaliser que mes mains sont de nouveau engourdies. Que me vaut l'honneur de ta présence? Son sourire, que je devine être dénué de toute sincérité, me laisse perplexe. Je ne parviens pas à sortir le moindre mot et je reste plantée là, à le regarder ramasser les morceaux du verre qu'il vient de briser à mes pieds. Une effluve de ce que je crois être du whisky me caresse maintenant l'odorat. Tu souhaitais me prévenir de tes fiançailles afin que je puisse te féliciter? A quoi joue t-il? Combien de temps croit-il encore pouvoir me détester sans m'en dévoiler les raisons qui, j'ose espérer sont valables mais avant tout fondées? Je pose un pied sur les débris de verre que je ne tarde pas à écraser lentement dans l'espoir d'enfin attirer son attention. Qu'est-ce que je t'ai fais? Je ne sais pas vraiment quel est le sens réel de cette question. Pourquoi tu m'évites, pourquoi tu me détestes? Est-ce je t'ai manqué? Bien sûr que non. Mon regard, froid, se retrouve maintenant plongé dans le sien. L'intensité de ses yeux m'amène à me souvenir de cette époque où le bonheur ne semblait écœurer personne. Une époque qui s'éloigne toujours un peu plus chaque fois que le jour se lève. Tout me semble si lointain désormais. Tout n'est plus que passé. Souvenirs. Des souvenirs qui font mal. Parce que son absence me fait mal. Qu'est-ce que je t'ai fais? répété-je distinctement en raison du silence qu'il ne semble apparemment pas être prêt à briser. Je fais abstraction de tout ce qui nous entoure, de mes mains tremblantes, de ma gorge qui se noue, si fort que j'en ai les poings qui se serrent. Et à cet instant, le simple fait de respirer me prend littéralement toutes mes forces.
Je m'énervais, me dépêchais, me blessais sans me soucier dans l'intégré de mon corps. Mes mains étaient en sang que son corps alla se glissa sur les débris de verre que j'avais laissé derrière moi. Je la regardais, surpris. Que me voulait-elle ? Je n'attendais plus d'explication de sa part, je n'en voulais pas, je n'en avais pas besoin. C'était trop tard. J'étais blessé. Qu'est-ce que je t'ai fais ? Me demanda-t-elle, j'en haussai les épaules. Je voulais nier mon problème, nier l'évidence. Elle ne méritait d'obtenir si rapidement des réponses à des questions. J'en avais besoin, pas elle, pas autant que moi. Nos regards se croisèrent, se perdirent l'un contre l'autre. J'en chavirais, perdais pied. J'avais besoin de me raccrocher à quelqu'un chose : et le premier appui qui tomba sous mon corps fut le mur menant à mon salon. Qu'est-ce que je t'ai fais ? Me demanda-t-elle à nouveau. Elle ne comprenait donc pas que je n'avais pas envie de répondre à ses questions ? Questions que j’interprétais comme étant des attaques. Elle connaissait mieux que personne ma réponse. Elle était la mieux placée pour comprendre pourquoi je réagissais ainsi. Je ne supportais pas ces fiançailles, je ne supportais l'idée de la perdre. Réponds à mes questions avant d'espérer que je porte de l'attention à la tienne soufflais-je, peu convaincu par l'impact que pouvait avoir mes mots. Alison n'allait en faire qu'à sa tête, se souciant peu de moi. Putain, cette situation me consumait, me détruisait. Je détestais ces sentiments qui s’éprenaient de ma personne, j'avais besoin d'air, besoin de solitude, besoin de réflexion. Je détestais Alison, ainsi que l'amour que je portais à son égard. Je n'avais pas la sensation qu'elle puisse le mériter, je n'avais pas non plus la sensation de la mériter. Laisses tomber, je sais déjà que tu vas me décevoir marmonnais-je, énervé. J'avais la sensation de me parler à moi-même, de m'avoir fait cette réflexion. J'avais peur de me décevoir. Je la repoussais afin de recommencer à nettoyer les morceaux de verre. Je ne parlais plus, m'activais et faisais en sorte de quitter au plus vite cette pièce dans laquelle je me sentais chuter bien trop rapidement.
Victoria.
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Sujet: Re: closing (alison) Jeu 29 Nov - 11:16
Haussement d'épaule. Il paraît si impassible. J'en crèverais presque. Réponds à mes questions avant d'espérer que je porte de l'attention à la tienne. Dans ses yeux, j'aperçois la haine que j'aimerais tant pouvoir ressentir. Qu'attendait-il de moi? Suis-je là censée confirmer que ses félicitations sont effectivement ce que je suis venue chercher à minuit passé? Laisses tomber, je sais déjà que tu vas me décevoir. Je ne réponds pas. C'est inutile. Les yeux rivés au sol, j'essaie à mon tour d'accomplir ce que j'ai tenté de faire pendant des mois: le haïr du plus profond de mon être. Échec. Le décevoir ne serait que justice. Au final, la question n'est pas de savoir ce que je suis venue faire ici mais plutôt pourquoi. La différence est réelle. Au fond de moi, je crois le savoir. Il me manquait. Peut-être trop. Mais que personne ne s'y méprenne: j'espère sincèrement me tromper. Tandis que je reste là sans ciller, Ezra s'empresse de ramasser les derniers fragments de verre, y laisse son sang, bientôt ses mains, et finit par quitter la pièce. Partir est sans doute ce que je devrais faire. Très certainement ce qu'il voudrait que je fasse. J'estime cependant être partie suffisamment longtemps. Pas assez pour lui? C'est son problème. Tu ne m'as toujours pas féliciter.Et mat. Je me délecte de cette soudaine désinvolture qui au fond je sais n'est que factice. Sur ces mots, je réapparais devant lui sans même attendre la moindre réaction de sa part. Il y a bien longtemps que je n'attends plus grand chose de lui de toute façon. Quand bien même il me demanderait de disparaître, je ne l'écouterais pas. Car à moins qu'il n'ait assez de courage pour me tuer sur place, je ne compte pas quitter cette maison sans au moins savoir quel est l'abject crime que j'ai bien pu commettre pour avoir droit à une telle sentence. Ça prendra le temps que ça prendra, ça m'est égal. Flegmatique, je pose mon sac par terre, me rapproche de lui et ne tarde pas à doucement saisir l'une de ses mains ensanglantées. D'une manière intensément moins délicate, je commence par retirer les quelques morceaux de verre s'étant profondément enfoncés dans la paume. Mon but: qu'il souffre, crie, hurle. Lui donner une raison de me détester faute de ne pas vouloir m'en donner une lui-même. D'abord concentrée, je me permets de lever la tête et de planter mon regard dans le sien tel qu'on planterait un poignard dans le dos. Alors? Ces félicitations? Un sourire se devine presque sur mes lèvres tandis que j'aspire à lui arracher un cri. Quant à la cause de celui-ci, je préfère lui laisser le choix.
Je quittais la pièce, j'avais besoin d'air, j'avais besoin de prendre du recul face à cette situation qui dépassait mes attentes. Je voulais la voir, la serrer dans mes bras, pas m'aventurer avec elle sur un chantier remplis de mine. Et pourtant, j'avais moi-même lancé les hostilités. Pauvre crétin. Réellement. Tu ne m'as toujours pas féliciter me fit-il remarquer, m'obligeant à soudainement me crisper. J'en relevais ma lèvre inférieure, à doigt deux d'exploser mes poings contre ma table de travail. Comment osait-elle ? Je n'osais bouger, je n'osais parler. Je me contentais de la regarder se rapprocher de moi, et prendre violemment mes mains afin d'en retirer les morceaux de verres qui s'y étaient auparavant incrustés. Je grimaçais, grognais mais ne voulais surtout pas m'énerver : je ne voulais pas lui offrir une victoire aussi simple. Alors ? Ces félicitations ? me réclama-t-elle, souriante. Je fermais durant l'espace de quelques longues secondes mes paupières afin de chasser cette douleur qui parcourait mon corps. Saloperie, c'était une saloperie de garce puérile et inutile. Je grognais de nouveau et finissais par la repousser, incapable de supporter plus longtemps cette douleur. C'est quoi ton problème ? m'empressais-je de lui demander tandis que mon corps se rapprochait du sien. Mes mains attrapèrent son visage que je compressais sous mes doigts. Je n'en pouvais plus, j'avais besoin de réponses, j'avais besoin d’explications face à son comportement. Pourquoi tu me fais ça, pourquoi tu nous fais ça ? lui demandais-je, d'un ton nettement supérieur que précédemment. Je craquais. Je laissais ma colère envahir et gagner ma raison. Je préférais me décaler pour éviter d'être violent envers elle. Mes mains prirent appui contre ma table, et mon corps se laissa tomber sur l'une des chaises nous entourant. Ça t'amuses d'être revenu en ville pour t’exhiber avec ton parfait petit fiancé ? lui demandais-je tout en articulant chacun de mes mots. Est-ce que tu as un seul instant pensé à moi ? soufflais-je, me sentais déjà plus que stupide. Putain, ça m'énervais de me livrer aussi facilement. Peu de personne pouvait me faire ainsi craquer, en un claquement de doigts. Peu de personne n'arrivait à me faire chuter en deux mots. Sauf elle. Alison.
Victoria.
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Sujet: Re: closing (alison) Mar 4 Déc - 9:13
Je m'attends à ce qu'il me crache son sarcasme à la gueule, qu'il rigole, m'insulte même. Au lieu de quoi il me repousse, vraisemblablement énervé. Je n'ai pas le temps de me dire que je suis peut-être allée trop loin que ses mains viennent immédiatement s'emparer de mon visage. C'est quoi ton problème? Les yeux écarquillés, je me hasarde à faire un pas en arrière. Une certaine peur semble néanmoins vouloir m'en empêcher. Pourquoi tu me fais ça, pourquoi tu nous fais ça? Avant même que je ne parte vivre à New-York, j'ai longtemps attendu un semblant d'attention de sa part. Bien sûr, je n'en ai jamais reçu. Autrement mon départ n'aurait plus eu aucun sens. Seulement depuis, son absence n'a jamais cessé de me consumer, de la même façon que je n'ai jamais cessé d'attendre qu'il daigne me faire le moindre signe. L'attente m'est devenue trop longue. Insupportable. Je me suis lassée. Voilà pourquoi. Je suis sur le point de lui ordonner de me lâcher quand il finit par se décaler. Reprenant doucement le contrôle de mon corps à défaut de pouvoir reprendre mes esprits, je recule de quelques pas et m'assieds sur le rebord du canapé, encore quelque peu secouée. Ça t'amuse d'être revenue en ville pour t'exhiber avec ton parfait petit fiancé? Je ferme les yeux le temps d'un bref soupir et secoue la tête, épuisée par notre propre ineptie. A cet instant, je ne peux m'empêcher de penser à ce que sa propre sœur m'a un jour dit. Il n'y avait qu'elle pour se moquer de mon perfectionnisme tout en aboutissant à me redonner le sourire: "Personne n'est parfait Alison. Pas même toi. Et si Alison Waldorf ne parvient pas à être parfaite, personne ne le sera jamais." Absent, distant, peut-être même insouciant du moindre de mes désirs, de notre avenir, de notre mariage. Mais parfait? Certainement pas. Pas même un peu. Le pire au fond est de ne même pas pouvoir réfuter. Car si ma vie est un bordel sans nom, je me dois au moins de faire en sorte qu'elle apparaisse comme étant parfaite aux yeux du monde. Ma mère le fait. Pourquoi pas moi? Est-ce que tu as un seul instant pensé à moi? Ses mots me font l'effet d'une claque en pleine face. Une claque qu'il aurait mieux fait de me mettre il y a quelques secondes de ça. Tout aurait probablement été beaucoup moins douloureux que cette question. Ma gorge se serre tandis que je le regarde maintenant dans le miroir où nous apparaissons tous les deux. Non. Je marque une courte pause et laisse finalement mon regard se perdre à travers la pièce. T'oublier a été l'une des choses les plus difficiles que j'ai jamais eu à faire. Et c'est le cœur démoli que j'achève enfin mon mensonge: Je ne m'autorise jamais à penser à toi.
J'étais à bout de souffle, fatigué, épuisé. Je ne supportais devoir mettre des mots sur mes sentiments, je ne supportais pas me montrer faible. Je fuyais toujours ma personne. Mes mains tremblaient, mon corps s'abattait. J'avais envie de la frapper, envie de frapper cet amour qui me consumait. Je préférerais la haïr. Tout serait alors bien plus simple, tout serait alors bien plus évident. Non m'avoua-t-elle. Une claque. Je venais de réceptionner une putain de claque. Elle s'en foutait de moi. Je m'accrochais désespérément à un amour sans fin, à un amour qui n'était pas en mesure de me répondre. Son regard se perdit dans l'espace nous entourant. Je ravalais avec difficulté avec ma salive. Des larmes picotaient mes yeux, me noyait. T'oublier a été l'une des choses les plus difficiles que j'ai jamais eu à faire ajouta-t-elle, je frappais sans le vouloir des poings contre la table de ma cuisine. Je manquais réellement d'air. J'étouffais, je crevais. Je ne m'autorise jamais à penser à toi conclua-t-elle, m’assommant. Je me redressais brusquement afin de m'appuyer contre un mur. Je lui tournais le dos, et tentais de reprendre ma respiration. Je devais m'obliger à redevenir calme. Ma raison se perdait, mes sentiments prenaient trop le contrôle de ma personne. J'allais divulguer mon âme, j'allais divulguer tout ce que j'avais toujours tenté de masquer. Tais-toi Alison, tais-toi ! hurlais-je alors tout en me retournant vers elle. Je n'étais pas capable de me retenir. J'étais telle une bombe, à deux centimètres de la chute. Je la fixais, et m'en foutais royalement que cette dernière ai planté son regard loin du mien. Tes gestes ne correspondent pas à tes paroles marmonnais-je. Tu m'as oublié, tu t'en fous de moi ? Mais pourquoi es-tu venu me voir ? reprenais-je, toujours en criant. Fini Ezra le bon, oublié Ezra le patient. Je n'en pouvais plus. Je marchais dans la pièce, dans tout les sens. Seul mon regard restait immobile, captivé par sa personne qui en cet instant me dégoûtait. Elle représentait tant de questions. J'avais besoin de réponses, ainsi que de comprendre cette situation qui m'échappait. Moi qui avait pourtant l'habitude de tout contrôler. C'est ça en fait, tu prends ton pied en me faisant souffrir ? lui demandais-je avant de retourner m'asseoir. Mon visage tomba contre mes mains, mes paupières se fermèrent. Tu peux dégager, j'ai compris murmurais-je. J'espérais réellement son départ. Ou alors qu'elle vienne m'apporter de l'espoir. J'avais envie de me dire que tout ceci n'était qu'un mauvais cauchemar.
Victoria.
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Sujet: Re: closing (alison) Lun 10 Déc - 19:28
Mon regard se fige dans le vide. Je sais qu'il est en train de me crier quelque chose, mais je n'y prête pas la moindre attention. J'ai l'impression d'être venue me perdre dans un monde où il n'y a plus que moi, seule. Si ça n'était que ça. De nous deux, je ne suis pas sûre de pouvoir dire lequel est-ce que je déteste le plus. Lui pour nous avoir foutu en l'air. Moi pour avoir cru un seul instant qu'il y avait effectivement un nous. L'idiote, il n'y en a jamais eu. C'est ça en fait, tu prends ton pied en me faisant souffrir? Je meurs d'envie de lui dire que ce qu'il subit là n'est en rien comparable à l'interminable souffrance que je suis capable de lui infliger, mais je ne dis rien, car je sais que je ne suis en réalité capable de rien face à lui. Et peut-on réellement mener une guerre lorsque l'on est blessé et désarmé? Tu peux dégager, j'ai compris. J'en doute. Après plus d'un an, il était peut-être temps de mettre officiellement fin à la partie. Je me lève enfin avant d'aller ramasser mes affaires. Debout à l'autre bout de la table, j'hésite un instant avant de partir. Il te revient. dis-je calmement en détachant un bracelet de mon poignet. Jusqu'à présent, ce bracelet ne m'avait jamais quitté. Ezra me l'avait offert peu avant la mort de sa sœur. Je sais qu'ils l'ont acheté ensemble, car j'étais avec elle la première fois que je l'ai aperçu à la vitrine de cette boutique située sur Main Street. Je m'apprêtais à y rentrer quand elle m'a retenue par le bras et m'a dit: Ce genre de choses ne s'achète pas Alison. On nous les offre. J'ai dû me contenter de l'écouter, l'air d'une gosse à qui l'on venait de refuser de céder à un énième caprice. Un sourire se dégage sur mon visage à la pensée de cette journée. Julia me manque tant. De la même manière que lui n'a jamais cessé de me manquer. Il n'en saura jamais rien. Il n'a plus à le savoir. Je dépose silencieusement l'objet sur la table, et c'est ainsi que je le laisse, assis sur sa chaise, à me haïr pour une raison qui me sera sans doute inconnue à jamais. Arrivée devant la porte d'entrée, je glisse ma main dans mon sac afin d'y chercher mon portable. La première chose que j’atteins est une enveloppe dans laquelle se trouve une lettre que je n'ai jamais osé envoyer. Je n'en ai jamais trouvé le courage. "Je me souviens de cette nuit, de cette fille, et de la manière dont tout autour de moi a subitement disparu. Le vide. Tout me semble si lointain désormais. Tout n'est plus que passé. Souvenirs. Des souvenirs qui font mal. Parce que ton absence me fait mal. (...) C'est si compliqué de faire semblant, Ezra. Je te mentirais si je te disais que je n'y pense plus et que ça ne me fais plus rien. Je te mentirais si je te disais que ton absence m'importe peu, et qu'à tes silences, je ne pleure jamais. Je te mentirais si je te disais que je ne souffre pas, que je pense à autre chose qu'à toi parfois. Les mois passent et je ne sais toujours pas comment t'oublier. Pourtant, j'ai essayé, mais tu vois, j'y suis pas arrivée... J'espère que tu vas bien. Affectueusement, Alison." Lettre à la main, je me retrouve de nouveau face à lui. La lui avoir lu à haute de voix me fait l'effet d'une bombe à la place du cœur. Tu veux savoir pourquoi je suis venue? Parce que j'ai été suffisamment conne pour penser que je pouvais te manquer comme toi tu m'as manqué. Faut croire que je me suis trompée. Hors de moi, je ne parviens pas à retenir mes larmes plus longtemps. Alors tu peux me détester et m'éviter aussi longtemps que tu voudras, mais je t'interdis de dire que je t'ai oublié.
Je reprenais mon souffle, déboussolé par tant de sincérité de ma part. D'ordinaire je crevais en silence. Des larmes noyaient mon regard, mes lèvres étaient pincées, ma gorge nouée. Il te revient souffla-t-elle tout en détachant le bracelet qu'elle possédait autour du poignet. Je la regardais, surpris. Elle le possédait toujours ? Elle possédait toujours ce bijou que je lui avais offert, après l'avoir acheté avec ma soeur. Alison savait tout autant que moi que ce bracelet possédait une grande importance. Ce n'était pas rien, il n'était pas rien. Il représentait beaucoup, à commencer par ce lien qui nous avait toujours lié : Julia. Abasourdis, je la regardais déposer ce bijou sur la table de ma cuisine. Puis elle s'éloigna. Je restais alors un long instant sans ne rien faire. Un trop long instant, durant lequel je fus plongé dans des pensées de plus déconcertantes. Sérieusement, cette situation me faisait mourir à petit feu. Je décidais d'aller la rejoindre. J'attrapais le bracelet et me dirigeais vers ma porte d'entrée. Elle n'avait pas le droit de me quitter sans cet objet, elle n'en avait pas le droit. C'est tout ce qui nous restait, elle ne pouvais pas me le rendre, elle n'avait pas le droit. Et si elle ne désirait pas le faire, qu'elle pense à Julia, qu'elle pense à tout ce que Julia avait su faire pour elle. Alison soufflais-je tout en la découvrant, debout, en train de lire un bout de papier qu'elle tenait entre les doigts. C'est si compliqué de faire semblant, Ezra. Je te mentirais si je te disais que je n'y pense plus et que ça ne me fais plus rien. Je te mentirais si je te disais que ton absence m'importe peu, et qu'à tes silences, je ne pleure jamais. Je te mentirais si je te disais que je ne souffre pas, que je pense à autre chose qu'à toi parfois. Les mois passent et je ne sais toujours pas comment t'oublier. Pourtant, j'ai essayé, mais tu vois, j'y suis pas arrivée ... J'espère que tu vas bien. Affectueusement, Alison énonça-t-elle. Une fois de plus, je me décomposais par l'impact que ses mots possédaient sur mon corps, mon coeur. J'étais donc à ce point un être stupide et naïf ? Je savais qu'elle m'avait menti lorsqu'elle m'avait qu'elle s'en foutait de moi, je ne savais pas pour autant qu'elle pleurait mon absence, pleurait ma présence. Tu veux savoir pourquoi je suis venue ? Parce que j'ai été suffisamment conne pour penser que je pouvais te manquer comme toi tu m'as manqué. Faut croire que je me suis trompée. m'annonça-t-elle, j'étais surpris. N'avait-elle donc pas compris face à mes réactions que je souffrais de son absence ? Que j'étais blessé de la savoir loin de moi, dans les bras d'un autre ? N'avais-je pas été suffisamment expressif ? Alors tu peux me détester et m'éviter aussi longtemps que tu voudras, mais je t'interdis de dire que je t'ai oublié ajouta-t-elle. Je ne pouvais pas m'empêcher de me rapprocher d'elle, tremblant, afin de lui remettre ce foutu bracelet. Moi aussi, les larmes coulaient le long de mon visage. Quel homme pourrait résister face à tant de mots destructeurs ? Aucun. Je t'interdis de dire que tu ne m'as pas manqué Alison murmurais-je. Je n'étais pas capable d'en dire autant qu'elle. Une fois le bracelet en place, je déposais mes mains contre son visage et laissais mon front tomber contre le sien. Je me noyais dans son regard, me noyais dans son âme. On pouvait y lire toute sa colère ainsi que son chagrin. J'éprouvais les mêmes sentiments. A croire que nous étions tout deux bien trop stupide pour ne pas réaliser l'amour fou que nous nous portions mutuellement. Mes pouces caressèrent le dessous de ses lèvres, je tenais à y chasser les quelques larmes qui roulaient sur sa peau. Je t'aime Alison, je t'ai toujours aimé murmurais-je, surtout dans le but de me vider d'un poids qui m’alourdissait le coeur d'une douleur des plus prenantes.
Victoria.
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Sujet: Re: closing (alison) Lun 24 Déc - 14:38
Une part de moi regrette de lui avoir lu cette lettre. Il est évident que je n'aurais jamais dû le faire. Seulement, je sais que je n'aurais pas pu continuer à faire semblant plus longtemps. Au fond, mon besoin d'arrêter de mentir, d'abord aux autres mais surtout à moi-même, est peut-être plus important que ce qui semblerait être juste de faire ou non. Bracelet en main, je referme le poing et ne pose pas de question. Je t'interdis de dire que tu ne m'as pas manqué Alison. Je ferme les yeux et profite de cet instant qui réveille en moi des sentiments que j'ai voulu croire éteints depuis longtemps et qui pourtant et surtout me détruit car c'est dans la souffrance que l'on sent que l'on est vraiment vivant. Et quoi de mieux que de se sentir en vie auprès de lui? Je t'aime Alison, je t'ai toujours aimé. Je le déteste, je le hais. Lui, moi. Nous. Mes fiançailles plus que tout. J'aurais tort de lui répondre que je l'aime moi aussi. C'est pourtant ce que je crève d'envie de lui crier. Mais je ne peux pas. La seule chose que je m'autorise à faire est de prier pour qu'il le sache. Je ne me sens pas capable de prétendre ne rien ressentir pour lui car il ne suffit pas d'ignorer ses sentiments pour qu'ils disparaissent. Je laisse alors mes yeux parler et insister à ma place dans l'espoir qu'il comprenne. S'il n'y parvient pas, sommes-nous donc foutus pour autant? Sa douce façon de m'effleurer avec cette tendresse infinie comme si j'étais d'une grande fragilité m'avait tant manqué. Contre tout attente, c'est avec la lenteur d'une caresse que mes lèvres glissent subitement sur les siennes, tout semble si parfait et je comprends à cet instant que je suis en train de nous fabriquer des souvenirs qui finiront inévitablement par nous anéantir. C'est les yeux qui débordent que je finis par marquer un imperceptible recul. Je suis désolée. murmuré-je de manière à peine audible. Je suis désolée... Désolée, je ne crois pas pouvoir l'être davantage que je le suis maintenant.
Je lui avouais mon amour, laissant totalement tomber ce masque qui me collait à la peau depuis des jours, des mois. Je me livrais à elle, j'étais faible, soumis à cette femme, soumis à cet amour. Elle pouvait à présent me détruire en un battement de cil, elle connaissait ma plus grande faiblesse, elle était au courant de tout. Mes doigts caressaient sa peau d'une douceur que je ne me connaissais pas. J'avais la sensation de la découvrir, comme-ci nous nous croisions pour la première fois. A vrai dire je la voyais différemment. Elle savait. Elle me connaissait, elle connaissait toute ma personne. Et là, l'impensable. Je me noyais, je sombrais au contact de ses lèvres contre les miennes. Je savourais, je ressentais, j'aimais. Je l'aimais. Mes lèvres dansaient doucement avec les siennes, tandis que mon corps se réchauffait. Je comprenais la raison de mon existence, je comprenais la raison de ma lutte quotidienne. Tout me semblait si simple auprès d'elle, tout me semblait accessible, jusqu'à ce qu'elle s'éloigne et que la réalité revienne violemment me frapper. Nous n'étions rien, si ce n'est qu'un ensemble de questions sans réponses et d'histoires compliquées. Je suis désolée murmura-t-elle, m'obligeant à chuter. Je suis désolée ... ajouta-t-elle, je fermais mes paupières et continuais de serrer son visage contre le mien. Non soufflais-je aussitôt. Alison, non ajoutais-je à nouveau tout en l'obligeant à aller s'appuyer contre le mur se trouvant derrière. Mes lèvres retournèrent contre les siennes tandis que mes mains glissaient le long de sa peau, jusqu'à atteindre ses épaules. J'avais besoin d'elle, je n'avais toujours eu besoin que d'elle pour m'aider à me sortir de cette situation. Mais elle n'était pas mienne, ses engagements étaient liés auprès d'un autre. Mes doigts s'aventuraient au contact de son dos, et mes mains, plaquées contre ses omoplates l'attiraient davantage contre moi. C'est moi qui suit désolé de ne pas avoir su te dire tout ça avant ... soufflais-je alors, comme ci je venais soudainement de perdre toutes mes forces. Nous venions de vivre tant d'émotions en si peu de temps. Ce n'était pas quelque chose de normal, ce n'était pas quelque chose de supportable. Désolé de ne pas avoir été le premier murmurais-je tout en plaquant mes mains contre le mur. Mon front glissa au contact du sien, tandis que mes paupières se fermèrent en douceur. Je ne souhaitais plus bouger, je ne souhaitais pas la voir partir mais je ne voulais pas être celui qui allait gâcher sa vie. Elle avait une relation stable et sérieuse, je ne pouvais pas me permettre de tout gâcher, même si mon amour pour elle était plus que raisonnable.