NEVER I COULD FORGET YOU (noah)

DON'T FORGET OUR PAST

(+)L’hiver était arrivé plus vite à Hamptons Field que dans mes souvenirs. La neige c’était installée durant une nuit et son beau manteau d’un blanc immaculé s’accrochait à quelque parcelle de pelouse devant les maisons. La neige, en elle-même ne me dérangeait pas, j’aimais l’hiver c’était une belle saison mais le froid qui l’accompagne m’était moins plaisant. Frileuse par nature il m’était dure de supporter une température en dessous les 10°C, d’où le fait que par ce frais début d’après-midi je me complais à admirer la neige de derrière les vitrines de ma pâtisserie. La chaleur du aux fours en marche, cuisant lentement les supports de ce qui sera mes nouvelles créations de noël, apaise mon humeur maussade et sur un air de Keane je m’attèle à la pose de stickers de noël sur mes vitres. Décembre est déjà là depuis quelques jours, le marché de noël a ouvert ses portes depuis peu, mon chalet connait le succès prévu et ma petite boutique prend des allures festives avec ces lumières. Les périodes de fêtes semblent peu à peu me réjouir, m’éloigner de ma tristesse quotidienne et me pousse même à fredonner, ce qui est une chose pas faite depuis plus d’un an maintenant. Délaissant l’atelier déco je me dirige vers ma chaine hifi et commence à éparpiller un peu partout sur le comptoir divers boites à CD. Je n’étais pas une mordue de musique par nature, mais je m’y étais peu à peu mise par l’influence de quelqu’un. La musique c’était sa vie comme moi la pâtisserie est la mienne. Il était doué, trop doué, mais était une vraie quiche en cuisine, ce qui avait le don de me faire rire. Cependant penser à lui ne me fait pas rire ou même sourire. Une mélancolie m’envahie et je me mets à penser comme par le passé : « Que mettrait-il comme musique pour cette période ? » Je ravale ce sentiment de nostalgie et remet le disque actuel en marche. Je retourne alors au collage des stickers quand la clochette de la porte d’entrée tintinnabule dans la boutique. Je soupire, j’ai l’habitude d’être tranquille jusqu’à au moins 15 h, et je déteste les visites imprévues quand je suis en salle. Je dépose ce que je faisais et me retourne avec un sourire commercial peu convaincant. « Good afternoon. What can i do for… » Je me fige sur place et ferme les yeux un instant. Le destin est vrai un salopard avec moi en ce moment. Je n’avais selon lui pas assez eu de moment nostalgique lors de la soirée pour la mémoire de Julia. Je croise les bras soupire, les décroise et vais me placer derrière le comptoir, car il me faut quelque chose de matériel pour nous séparer sinon je pourrais plonger dans quelque chose qui me dépasse. Je lui fais dos et commence préparer un carton, puis dispose en vitrine mes derniers cupcakes à l’effigie de la célèbre fête de noël. « What do you want ? » Je ne le regarde pas, je parle d’un ton qui se veut détacher mais qui transpire la froideur et la colère.

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River, River, River. Depuis qu'elle m'avait laissé en plan avec pour seul indice son prénom, j'avais beaucoup demandé autour de moi pour obtenir des informations supplémentaires. Ce qui n'avait pas été très difficile, j'avais rapidement su qu'elle travaillait dans une pâtisserie. Mais cela ne m'aidait pas pour autant sur la question : pourquoi m'en veut-elle autant? Ma mère avait expliqué ce dont elle se souvenait : nous étions sortis ensemble alors que nous étions en vacances à Hamptons Field, mais lorsque j'étais retourné à New York, j'avais eu du mal à supporter la distance. J'avais donc décidé qu'une rupture valait mieux pour nous deux, avant que la distance ne nous fasse trop de mal. Cela me paraissait tout à fait plausible, car c'est ce que je ferai sûrement encore aujourd'hui dans une situation pareille. Mais des paroles d'Alison m'avaient ensuite surpris. Sa version était différente de celle de Katia, et Julia, la défunte amie, avait joué en ma défaveur, en prétextant auprès de River que mes raisons cachaient simplement une infidélité. Avec ces deux versions, j'étais encore plus perdu que si je n'en avais eu aucune, à vrai dire. Que penser et surtout, qui croire? Depuis l'accident, j'avais réalisé que les gens pouvaient cacher beaucoup de choses derrière une apparence, à commencer par Katia. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, et c'est pour cette raison là que je gardai les deux théories en tête sans pour autant y croire, et me décidai d'aller rendre visite à River en début d'après midi. Par chance, la pâtisserie était ouverte, et de loin, je voyais la jeune femme habiller les vitrines du magasin à l'occasion de la période de Noël. Sans pour autant savoir ce que j'allais bien pouvoir lui dire, et surtout, prévoir comment elle allait réagir, je poussai la porte, une clochette retentit, signalement ma présence. Good afternoon. What can i do for… Enfin, je n'étais pas certain qu'elle s'attendait à me voir moi, vu comment son sourire s'est estompé après s'être retournée vers moi. Je n'étais pas vraiment le bienvenue et cela se lisait sur son visage, mais tant pis. J'avais besoin de réponses, de mettre cette histoire au clair. La confusion, je ne m'y habituerai jamais. What do you want ? J'inspire doucement, légèrement mal à l'aise devant sa froideur et son désintérêt. A conversation. I want to understand, I want answers, and I'm sure you too. Starting by, what happened? Qu'est ce qu'il nous est arrivé à nous, qu'est ce que j'ai fait, de quoi je dois m'excuser. Elle était la seule qui pouvait m'aider sur ce coup.

DON'T FORGET OUR PAST

(+)Depuis que la clochette a sonné dans la pièce, une migraine m’a prise en otage et je tente de paraître imperturbable mais je n’y arrive vraiment pas. Mes mains vont et viennent entre les pâtisseries, les déplacent d’un ou deux millimètres et les remettent en place aussitôt après. Quand je m’aperçois de cela je me retourne et me retrouve face aux dizaines de boites à CD éparpillées. La plus part sont des cadeaux… Plus nostalgique et pitoyable que moi on ne fait guère mieux. Je soupire mais je ne suis pas aux bouts de mes peines quand il prend la parole. « A conversation. » Laisse-moi rire Noah… Il est trop tard idiot ! Mais je ne fais que le penser, en me retenant de virer à la crise de larmes. « I want to understand, I want answers, and I’m sur you too. Starting, by, what happened ? » « What Happe… » Je me retourne d’un geste brusque le regard brouillé et roule les yeux comprenant. « Oh you play again the amnesiac guy ? Ok. » Je fixe le dessous du comptoir auquel il fait face. Une grosse boite à chapeau que je traine malgré moi partout où je suis. Mes souvenirs en boite, fermés à double tours. « You know what ? I don’t want. Why will i be the only one who suffers, because I tell you it ? Ask your mother, she knows better than you, than anyone, no ? » Oui j’avais eu, dans le passé, des différents avec sa mère, elle ne m’avait jamais beaucoup aimé, mais c’est surtout le fait qu’elle m’a refusé de me passer Noah quand j’appelais à leur domicile, et a eu le culot de se mêler de nos affaires en me faisant entendre que je n’étais pas assez bien pour son fils. Je soupire et me mets même à taper des ongles sur le comptoir nerveusement. « It’s so easy for you… » Oui je lui en veux maintenant de ne pas se souvenir car c’est plus aisé de ne plus se souvenir quand l’autre, elle se noie dans quelque chose qui la dépasse. Une détresse, une douleur sans fond, un véritable trou noir de tristesse et d’incompréhension. La colère me prenant violement dans un excès je lui crache à la figure. « You want to know ? I gonna tell you. You dumped me with a lousy sms. I quote “I can’t… Let us break…” » Ca y est c’était lâché la bombe que je retenais depuis quelques années était dite. Je ne me sens pas mieux mais au moins quelque part mon fardeau de tristesse est partagé.

Oh you play again the amnesiac guy ? Ok. Je soupire, essaie de me calmer. Je peux concevoir que c'est quelque chose qui peut être difficile à croire, l'amnésie, mais si elle me connaissait si bien que ça, elle saurait très bien que non, ce n'est pas un jeu. I'm not playing. At all. The accident wasn't a fake one. You know me, right? Then, you should believe me, you should see that all of this isn't a lie. Le médecin m'avait expliqué que pour qu'un accident change la personnalité et le caractère des gens, certaines zones du cerveau doivent être endommagées. Ce n'était pas mon cas, et j'étais donc le même, seule ma mémoire s'était effacée. Qu'elle remette en doute mes paroles me blessait. C'était une femme blessée, et elle était énervée contre moi, certes, mais je trouvais ça dommage qu'elle ne prenne pas le temps de faire la part des choses. You know what ? I don’t want. Why will i be the only one who suffers, because I tell you it ? Ask your mother, she knows better than you, than anyone, no ? Apparemment, ma mère n'aimait pas beaucoup River, à la façon dont elle m'en avait parlé. Elle avait encore du mettre son nez dans des affaires ne la concernant pas. It's already done. But.. I can't trust her. Elle et ses excuses, elle et ses histoires qui sonnaient toutes aussi fausses les unes que les autres. J'y voyais clair dans son jeu, mais je n'arrivais à savoir pourquoi elle jouait à ça. Du moins, je ne l'avais pas encore découvert. It’s so easy for you… Oh, si elle savait. Pendant qu'elle, aimerait oublier, moi, j'aimerais me souvenir. If you think so. But let me tell you, it's not. You have the chance to remember your past, I don't. Maybe you want to forget it, but I just want my memories back. J'essaie de parler sur un ton calme, essayant de lui montrer par un regard que je dis la vérité, que je cherche simplement à reconstituer le puzzle qu'est ma vie, et dont les pièces se sont égarées. Et soudain, la colère l'envahit et elle libère une part de l'histoire, notamment la fin, celle où je passe pour le mec le plus lâche de la terre. Oh. Mouvement de recul, surpris. Je comprenais qu'avec ça, elle pouvait penser n'importe quoi, s'imaginer les pires raisons. Comment se faire pardonner, après ça? I'm.. I'm sorry. I understand why you are mad at me. I never told you why I dumped you ? Because I only know there was the distance, and right now, I only see one reason for why I left you : I didn't want the distance to make us suffer. Cela se rapprochait de la théorie de ma mère, mais c'était la plus plausible des deux. L'infidélité n'était pas vraiment ma tasse de thé.

DON'T FORGET OUR PAST

Son calme légendaire me fait flancher une première fois. Malgré les propos qu’il m’a tenu lors du mémorial, je ne veux pas le croire, pas car je trouve ça faux, ou absurde, simplement car c’est trop simple pour lui. Malgré moi, je sais, je l’ai vu dans ses yeux, ce n’est pas un mensonge et ça continue à ne pas l’être mais je ne peux me résoudre… « I’m not playing. At all. The accident wasn’t a fake one. You know me, right ? Then, you should believe me, you should see that all of this isn’t a lie. » Là encore malgré moi je fais un pas vers lui. Il est cet aimant longuement perdu qui m’attire toujours à lui. Un sobre saut de mon cœur me fait stopper le pas immédiatement. Même avec la distance, surtout la largeur du comptoir, je peux discerner la sincérité totale de son regard encore une fois. Mon cœur s’emballe, s’arrête, se relance violement, se stoppe de nouveau. Trop, c’est beaucoup trop. Le revoir le sentir près de moi. La sincérité, la douceur de ses paroles, je ne peux en supporter autant que j’explose ne voulant plus me concentrer sur lui. Il m’est bien plus simple d’aborder le sujet de sa mère pour m’énerver un nouveau coup, mais là encore il apaise mes maux. Des mots nouveaux probablement pour lui mais déjà tant entendu par moi. Sa façon d’écarter le sujet de sa maison avec tant d’aisance et de calme me renvoi l’image de mon Noah, celui dont j’étais tombé amoureuse stupide adolescente. Je ravale encore des sanglots me cache, lui fait face marmonnant mon envie secrète car il a toujours eu ce don de me faire dire ce que je pensais au plus profond comme ça sans me forcer à rien. « If you think so. But let me tell you, it’s not. You have the chance to remember your past, I don’t. Maybe you want to forget it, but i just want my memories back. » Un nouvel excès de colère masquant juste ma jalousie et ma détresse explose en moi. « YOU CAN’T UNDERSTAND ! It’s so easy for you. You forgot your mistakes. You can live whitout, not me. I remember my mistakes, my pain, my suffer, my past ! You don’t understand that i want to forget YOU ! I want to forget Alison, Mia and Julia’s death ! I just want to forget ! … forget that I’m crazy… I'm not... » Les larmes je n’ai pu les retenir et elles coulent enfin. Il m’a encore arraché sans grande peine des aveux de mon pitoyable état psychologique, de mes peurs, de ma détresse. Il a toujours réussi et même sans ses souvenirs il y arrive toujours. Je pourrais le haïr mais mon cœur sait seulement battre douloureusement pour ce sentiment ancien. Je me contiens mais envahie par la folle détresse je lui dis ce que je n’ai pas voulu lui dire directement. Je l’entends à peine s’excuser, où dire quoi que ce soit d’autre, une nouvelle crise d’angoisse me saisit et par instinct je me laisse glisser au sol. Recroquevillée sur moi-même je me balance d’avant en arrière. Il a fait ressurgir tellement de choses chez moi que je n’ai pu le supporté. Moi qui me croyais forte, je suis si lamentable. La distance aurait eu raison de nous selon lui mais est-ce vraiment ça. Ma tête me fait bien trop souffrir pour que je lui donne raison. Je me revois encore dans ma chambre à préparer cette valise qui sera bien vite vider, ces billets d’avion qui ne serviront jamais et ce portable qui vibre sur le coin du bureau, ce message qui s’agrandit de minute en minute sous mes yeux. J’entends encore le bruit de cette boule de neige de new York tomber et se briser. Je peux encore ressentir cette détresse de l’instant passé à ce moment. « I don’t want to give due… I don’t want… » Non je refuse car si je lui donne raison. Si la distance a eu raison de nous cela se résumerait à dire que notre amour ne compter pas autant pour moi que pour lui…

La colère l'emporte d'un coup, mais j'ai l'impression que cela n'a pas un rapport qu'avec moi. Mes paroles ont l'air d'avoir fait remonter des souvenirs en elle, faisant partie de ceux qu'elle aimerait oublier. YOU CAN’T UNDERSTAND ! It’s so easy for you. You forgot your mistakes. You can live without, not me. I remember my mistakes, my pain, my suffer, my past ! You don’t understand that i want to forget YOU ! I want to forget Alison, Mia and Julia’s death ! I just want to forget ! … forget that I’m crazy… I'm not... Je me sens coupable, de la voir sombrer dans cet état là. Je comprends ce qu'elle veut dire, les erreurs que les hommes font, certaines qu'ils aimeraient oublier, des souvenirs douloureux. Mais ils n'imaginent pas ce que c'est de vivre sans aucun souvenir. Au moins, ils pouvaient ressentir des émotions par rapport à leurs expériences et souvenirs passés. Moi non. La plupart des choses ne me faisaient ni chaud ni froid, même si j'avais eu des souvenirs avec dans le passé. Une coquille vide j'étais, un truc sans émotions qui cherchait à recoller les morceaux de sa vie passé, pour pouvoir ressentir quelque chose à nouveau. Les larmes inondent ses joues et cela me heurte de plein fouet. Au mémorial, à son contact, j'avais ressenti des émotions se manifester, comme si celles ci ne se manifestaient qu'en présence de River, en écho à des souvenirs et une histoire que nous avions eu. Là, c'était pareil. Au fond, je tenais encore à elle même si je ne me souvenais d'aucun moment avec elle. C'était comme ça, inscrit en moi. L'accident n'avait pas entièrement effacé les émotions. Juste un peu dissimulés, en attendant un contact à nouveau avec la jeune femme. Elle glisse derrière le comptoir et il est impossible pour moi de rester planté là. J'oublie la colère qu'elle a contre moi, ce n'est pas un prétexte pour la regarder s'effondrer. Sans attendre, je passe derrière le comptoir et me retrouve en quelques secondes à ses côtés, elle recroquevillée comme un enfant perdu. Perdus, nous l'étions tous les deux, je crois. Je m'accroupis à ses côtés, et d'un geste sûrement très maladroit mais sincère, je pose mes mains sur ses bras, geste se voulant réconfortant. Listen to me.. Everybody makes mistakes, it's human. To suffer, to feel emotions, too. You're not crazy. And.. I can't change what I did, if I could, I would do it. I was a jerk, totally. And I will understand if you don't want to see me again, but I would like you to believe me : I know we spend great moments together, I just.. I can feel it. And if I did this, it was to protect you, from the pain of the distance. I thought I did the right thing. But I was wrong, I made a mistake. Cela avait sûrement été difficile comme choix : la préserver d'une possible douleur à cause de la distance, parce qu'on tient à elle, sachant que la rupture peut être tout autant douloureuse, ou alors ne rien faire, tout en sachant que la distance est tout de même présente et qu'elle peut faire des ravages, même si l'amour est fort? J'avais pris le risque de choisir la première solution, mais qui sait ce qui serait arrivé avec la deuxième option? Par contre, j'étais sur d'avoir fait l'erreur de ne pas expliquer plus mon choix.

DON'T FORGET OUR PAST

Passer de la colère à une crise de larmes me rendait bien pitoyable. Je pourrais encore lui hurler dessus, lui dire de déguerpir pour ne plus jamais revenir, mais je ne peux pas. Aussi mal que cela me fait, le savoir de moi de nouveau est ce que je veux le plus au monde… Je crois…dans mon péta ge de plomb, je ne me suis même pas rendue compte qu’il vient tout juste réduire la distance qui nous séparait à rien. Ce n’est que quand il dépose ses mains avec peu d’assurance le long de mes bras que je découvre son visages à quelques dizaines de centimètres du mien. Prise de panique, je vais l’être, et je m’attends à ce que mon corps réagisse de lui-même brutalement pour le repousser en le blessant mais rien ne se produit. « Listen to me… » Sa voix est plus douce mais avec un soupçon d’anxiété, ou de tristesse, je n’arrive pas à le dicerner, me rappelle la seule fois où je l’ai entendu… Quand nous nous sommes séparées devant le train qui le ramenait à New-York. « Everybody makes mistakes, it’s human. To suffer, to feel emotions, too. You’re not crazy … » « You know nothing… » Marmonné-je à travers d’autres sanglots. « And… I can’t change what i did, if I would do it. I was a jerk, totally. And I will understand if you don’t want to see me again… » J’ai dû mal à suivre ce qu’il dit par la suite. Mon esprit s’est arrêté, ou est-ce mon cœur, sur l’unique pensée de ne plus le revoir. Jamais… C’est encore plus insupportable que de l’avoir auprès de moi. Les larmes déferlent le long de mes joues de plus belle à cette seule hypothèse et comme l’aimant qu’il est et qu’il m’attire, je dépose ma tête contre son épaule. « Don’t… Don’t leave…. Again… » Etouffées, étranglées par les sanglots et la douleur, ces propos me paraîtraient absurdes si j’avais été dans mon état colérique habituel. Mais je ne le suis pas. Noah et son don de me faire mes peurs les plus profondes ont encore fait leurs preuves. Je viens encore de lui ouvrir mon cœur dans ses recoins les plus sombres et désespérés, surtout celui si bien caché dissimulant le mot « abandon ». Je n’ai guère changé de l’adolescente qui pleurer son Noah sur le sms de rupture de ce dernier. Je ne peux toujours pas me résoudre à le laisser partir. Ma solitude me pèse et l’idée d’avoir de nouveau quelqu’un auprès de moi, quelqu’un sur qui je peux me reposer, ré-allume une flammèche si longtemps éteinte aux tréfonds de mon cœur. Pourtant, aussi merveilleuse qu’elle est, elle s’éteint dans un courant d’air de la porte suivi de la sonnette me ramenant à la dure réalité. « Excuse-me…. » « We are closed ! » Je surgie de derrière le comptoir comme si de rien n’était, laissant Noah derrière moi. « But… » La femme me regarde abasourdie, surement devant mon visage barbouillé de larmes. « We… are… Closed ! » Prononce d’une vois glaciale tout en la forçant à sortir de ma boutique. Quand je réussis dans un courant d’air frais, je retourne ma pancarte d’ouverture et appuis sur un bouton pour abaisser les stores. J’ai besoin d’intimité, d’un moment avec Noah car mon cœur en saigne depuis bien trop longtemps. Je me rends compte alors que ce n’est plus une si bonne idée, car la pièce est plongée dans une semi-pénombre, seulement illuminée par les guirlandes électriques que j’ai installé dans la pièce et dans le sapin. Je me sens mal à l’aise, j’aimerai encore fuir mais mon cœur à comme enraciner mon corps dans le sol pour me l’empêcher. Il ne me reste plus que les mots… « What do you want from me exactly ? I can’t give your memory as you want, I’m useless to everyone… So… Find someone else… » Je le regarde de toute ma peine. Et retourne à mes activités précédentes son arrivée. Je mens comme pour refuser qu’il rallume cette passion passée. Je mens comme pour me complaire dans ma douleur. Je mens pour le protéger de moi. Pourtant une question me perturbe. « But… How did you know that I work here ? You asked someone ? Who ? » Je pose la question mais j’ai bien peur de la réponse. Si Noah avait gardé le feeling qu’il avait avec ses anciens amis, avait-il retrouvé Alison ? Savait-elle alors pour moi ? Si oui pourquoi elle ne venait pas elle aussi ? Cette situation me perturbe de plus en plus et je me mets à me mordiller la lèvre sous la pression qu’il en vient à me réclamer des souvenirs de nous, des photos, des récits. En résumé tout ce que je gardais dans la boite en dessous du comptoir…

Spoiler:

L'atmosphère a brutalement changé, et quelque part, ce qui s'est installé à présent est préférable à l'atmosphère de colère qui régnait il y a encore quelques instants. J'avais l'impression de subir sa colère sans pouvoir rien y changer, mais à présent, elle semble plus à même de m'écouter. Au moins m'écouter, je ne demandais que ça. Après, si elle me demandait de partir, de sortir une bonne fois pour toute de sa vie, je m'y résoudrais. Elle ne me repousse pas après mon geste se voulant réconfortant, et je sens ensuite son visage contre mon épaule. Don’t… Don’t leave…. Again… Je presse doucement ses épaules sur lesquelles mes mains sont à présent. Si son souhait est que je reste, je resterai, si jamais il avait été autre, si jamais elle voulait ne jamais me revoir, je serais parti. I won't leave, not once again. La première fois, j'avais été obligé de partir, j'étais simplement en vacances dans le coin, et j'avais préféré la quitter ensuite pour la préserver de la douleur que la distance pourrait causer. Mais cette fois, la question ne se posait plus, j'habitai ici, et ce qui était passé resterait passé. A côté d'elle, je ressens que mon coeur ne l'a pas oubliée, même si les souvenirs se sont effacés. Au plus profond de moi, je sais que je l'ai connue et je la connais encore, elle n'est pas une inconnue, comme peuvent l'être les personnes que j'ai rencontré de manière rapide dans ma vie avant l'accident. Un léger silence s'installe, et j'espère calmer ses sanglots le mieux possible. Mais la sonnette de la porte d'entrée retentit sans qu'aucun de nous deux ne s'y attende. Cela me fait sursauter et je vois River réagir de suite, annonçant à une femme décontenancée que la pâtisserie est fermée, alors que le panneau sur la porte d'entrée indique le contraire. Je reste accroupi derrière le comptoir le temps que la femme quitte les lieux. Une semi pénombre s'installe ensuite et je me relève, avant de voir que les stores se ferment à moitié. J'espère que l'arrivée inattendue de la femme ait instauré de nouveau une atmosphère pesante. What do you want from me exactly ? I can’t give your memory as you want, I’m useless to everyone… So… Find someone else… Elle retourne rapidement aux activités qu'elle faisait avant que je ne débarque, comme pour occuper ses mains, ne sachant pas quoi faire d'autre. Certaines de ses paroles m'intriguent. Elle veut oublier qu'elle est folle, comme elle l'a dit il y a quelques minutes, et maintenant, elle dit ça. J'ai l'impression que tout cela a un sens pour elle, que ce ne sont pas des paroles prononcées sans raison. Je fronce légèrement les sourcils et finis par passer de nouveau devant le comptoir, m'approchant d'elle. Please, just.. just stop. And stop saying you're useless, crazy, and all that stuff. Saisissant ses mains, je lui fais stopper ses activités, si cela la déstresse, moi c'est le contraire. Mes mains autour des miennes provoquent une sensation étrange. Des images défilent dans ma tête, ressemblant à des souvenirs. Une affiche indiquant un train en partance pour New York, River et moi dans la même position, face à face, les mains entrelacées, aucun mot, seulement de la tristesse se lisant sur nos visages. Tristesse du départ, j'imagine. You're right, all my memory, you can't. But a part of it, you could. You could tell me some memories you have with me.. But, I know it can be painful, so, it's your decision. Après tout, je n'allais pas la forcer. Mais si on voulait aller de l'avant, c'était préférable. Ou alors on pouvait encore tout recommencer. But… How did you know that I work here ? You asked someone ? Who ? Cette question semblait la perturber, mais je n'arrivais pas à comprendre pourquoi. I asked my mom, and Alison, too.

Spoiler:

DON'T FORGET OUR PAST

Tout est devenu si étrange, dérangeant, perturbant, changeant en quelques minutes. Combien de temps c’était passé entre son arrivée et maintenant au fait ? La tête me tourne maintenant comme si j’avais été pris dans un tourbillon. Une tornade de ressentiments, de sentiments, de sensations. Je me disais perdue avant, mais là c’est bien pire que tout. Il m’a chamboulé. Il l’a toujours fait. Me faire passer des larmes aux rires, des colères à un sentiment pur que je voulais de l’amour. Malgré le temps de son absence, rien n’a changé. Il provoque en moi toutes ces petites sensations, reflexes d’autant. Sa présence les déclenche, mais ses mots n’en restent pas moins inutiles. Je suis retournée à mes activités, la tête me tourne beaucoup trop et j’ai besoin d’un appui pour ne pas tomber. Ne plus vouloir me quitter ? Puis-je y croire ? Juste une fois encore… Une musique raisonne dans un coin de ma tête. Une mélodie, des paroles que je me suis passée en boucle après son message de rupture. La même que j’ai écouté durant des jours entiers à la mort de Julia. Les paroles se forment sur mes lèvres comme pour les murmurer mais un murmure silencieux… Never let me go… Mais même ses paroles dans le refrain on comprend que la personne a déjà disparu… Comme Noah… Comme Julia… Comme le moi du passé… Sa voix qui résonne de nouveaux si près de moi me fait sursauter en m’extirpant de mes pensées. « Please, just… just stop. And stop saying you’re useless, crazy, and all that stuff. » All that stuff ? J’ai presque envie de rire. D’un rire amer. Mais je le regarde avec toute la tristesse du monde en prononcer ces mots. « You know anything Noah… I’ m not longer the one you knew. Finnaly, if you could remember… » Il se saisit doucement de mes mains et les presse dans les siennes. Cela m’arracherait un sourire si rien n’avait changé, mais mon sourire est une douloureuse grimace. « Please… Don’t… Last time you made that, you said me « goodbye » and I’d never seen you again... » Je retire une main, et contre toutes attentes même les mienne je la dépose sur sa joue. Pourquoi je fais cela comme un automatisme ? Veux-je m’assurer que c’est réel ? La douleur ne me le prouve-t-elle pas déjà ? Le contact et si chaud et si doux, j’en ai presque oublié le goût électrisant de le toucher ainsi. « You’re right, all my memory, you can’t. But, a part of it, you could. You could tell me some memories you have with me… » « I could show… No… I can’t I’m sorry but… where it takes us ? Even if i show you, talk you about us, you… It does nothing to advence because I might be the only one to remember… and especially to feel it… » L’admette-je ? Admette-je que je ressens encore quelque chose pour lui ? Oui je ressens quelque chose, enfin je crois car je n’ai pu y mettre un terme proprement seulement. Enfin je crois… Mais je préfère changer rapidement de sujet sur une autre question qui me perturbe et la réponse ne déçoit guère mes attentes. La tête reprend à me tourner et je semble perdre pieds. Je ne suis plus vraiment où je suis, qu’est-ce que je fais ici. Seul son prénom résonne dans ma tête. Je retrouve une certaine sécurité en m’asseyant sur une chaise, le souffle court, trop court. Je fixe mes mains qui se sont échappées des siennes. Elles tremblent, pas légèrement, brutalement. Parkinson frappe à tout âge la preuve. Je les passe dans mes cheveux pour les dissimuler dans la masse brune en vain elles ressortent aussi tremblantes. « Do you remember her ? » Dans ma voix une sorte de jalousie, de colère mais surtout de la culpabilité, de l’envie. Oui j’ai toujours envie Ali’ d’avoir refait sa vie, d’être passée outre tous nos malheurs, chose que je n’ai plus. « Who do you remember ? » Un intérêt soudain pour les personnes de son passé et de ses souvenirs surgit en moi. Mon ton se fait inquisiteur comme quand la jalousie me prend à bras le cou. Est-ce que… Non elle n’aurait pas… Une séries de nom d’habitants d’Hamptons Field défile dans mon esprit mais juste deux prénoms reste en moi Alison, et… Olivia… Une haine que je ne contrôle pas me prend en otage et je me lève brutalement pour faire les cent pas. « Don’t approach me, please. I don’t want hurt you, or other things… » Je sais que ça peut dégénérer quand je suis dans cet état que rien ne me calme… Je suis cette folle qu’on a enfermée, qu’on a forcé à se sentir… folle.

Spoiler:

Elle me dit que je ne sais rien. Elle a sûrement raison. Cela me rappelle douloureusement que oui, je ne suis peut être finalement qu'un amnésique qui est à la recherche de son passé, recherche qui est vaine d'avance. C'est la première pensée que j'ai eu en apprenant la nouvelle. Après tout, peut être que c'était la bonne. Je baisse doucement la tête, touché par ses propos. Je ne réponds rien, me contente d'écouter. Puis je suis surpris par l'une de ses mains qui se pose sur ma joue. Là encore, à l'intérieur, les émotions n'en font qu'à leurs têtes. Mes yeux se posent à nouveau sur elle, et je vois de la douleur, que j'aimerais bien effacer. Effacer mes erreurs, effacer les réactions d'enfants que j'ai pu avoir autrefois. Dans ma tête, tout ça s'est effacé en un simple claquement de doigt ou plutôt, en un simple choc entre deux carrosseries. Mais dans sa tête, ce n'est pas le cas. Les souvenirs y restent, brûlants et aussi vifs que lorsque ça s'est passé. Mais avoir des souvenirs douloureux me permettraient de me sentir vivant, et de ne pas avoir l'impression d'être constitué de vide. De rien. Du néant. I could show… No… I can’t I’m sorry but… where it takes us ? Even if i show you, talk you about us, you… It does nothing to advence because I might be the only one to remember… and especially to feel it… Encore une fois, je ne réponds rien. Elle ne peut pas m'aider, c'est trop douloureux, selon elle ça ne nous mènera nulle part. Après tout, je ne peux aller contre ça. C'est son choix, comme je le lui ai dit. Après tout, ce n'est pas la première à faire obstacle à ma recherche de mon passé. Je ne bouge pas d'un pouce, elle, va s'asseoir sur une chaise. Et dans ma tête, c'est le remue ménage complet. Des questions, qu'est ce que je fais encore là, à quoi ça sert, etc. Elle ne comprenait pas que être amnésique ne signifiait pas avoir perdu toute capacité à ressentir de nouveau, et en particulier des sentiments passés. C'était comme si elle ne voulait pas passer outre la douleur ou au moins, essayer. Je ne pouvais pas réparer ce que j'avais fait, mais je pouvais seulement m'améliorer. Mais pour ça, il fallait avant tout qu'elle accepte d'aller en avant, notamment avec moi. Ce qu'elle n'était apparemment pas prête à faire. It seems you're still living in your past. Je murmure comme pour moi même, même pas certain qu'elle puisse l'entendre. Je pouvais comprendre qu'elle avait besoin de temps, que la douleur était toujours présente. Elle avait changé, mais moi aussi, on a grandit, évolué, on sait les erreurs à ne pas faire. Pourtant elle semble ne vouloir prendre aucun risque. Tant pis, je ne pouvais rien faire contre de toute façon. Do you remember her? Who you remember? La colère semblait être revenue, et je soupirai doucement. Le calme qui était revenu pendant un court instant n'avait été qu'un leurre apparemment. Un calme avant le retour de la tempête. I didn't. I just saw pictures my mom kept, so I asked her, and she told me I was friend with Alison. One day, she recognized me, and we talked, and today it's like nothing happened. Oh, so now you believe me? I'm amnesiac, when I woke up after the accident, I didn't remember anyone. Calmement, je ne cherchai plus à me justifier, j'avais l'impression qu'elle ne m'écoutait pas. Elle l'avait fait pendant un moment, mais ce temps était révolu apparemment. Don’t approach me, please. I don’t want hurt you, or other things… Sans crier gare, elle se lève, fait les cents pas, s'énerve. Je l'observe en fronçant les sourcils. Mon silence l'a peut être énervée, mais ce n'est pas une raison. Je recule d'un pas, augmentant la distance entre nous et réduisant celle entre la porte et moi. Je n'ai pas l'impression que rester ici est une bonne idée, je ne la comprends pas et cela finit par me rappeler Katia, ma mère, et ce n'est pas forcément une bonne chose. Dans un dernier espoir, je finis par reprendre la parole. Répondant à quelques unes de ses paroles prononcées plus tôt. You know.. Maybe you won't be the only one who'll feel it. I didn't tell you this because I thought you might be afraid, but.. when I held your hand, or when I was next to you at the memorial, I felt something, like feelings. My memories may be gone, but it's as if my body doesn't want my feelings to be erased too. Un léger silence après ses révélations. But.. maybe you're right. I know nothing. dis-je, déçu. Je tourne les talons, la cloche retentit, la porte s'ouvre, je sors, de l'air frais. M'appuyant sur le mur de la pâtisserie, je reste là. Peut être qu'elle a raison, tu ne sais plus rien Noah. C'est comme ça.

Spoiler:

THE LAST TIME

Je n’arrive pas à faire le point, je vais, je viens sur mes décisions, mes raisonnements. J’ai si peur et il ne peut le voir, je suis si blessée qu’il ne peut le comprendre. Du moins, c’est ce que je pensais… « It seems you're still living in your past » Je m’arrête un instant et quelque chose qui n’est pas arrivé depuis des mois se passe. Un sourire… triste, mélancolique, désespéré mais qui se rapproche d’un sourire malgré tout. Je suis peut-être perturbée mais pas sourde Noah et mon ouïe fonctionne très bien, peut-être trop bien. Et comme pour répondre à son murmure, un autre murmure. « The past ... this is all that I have now, Noah… » Les questions, les résolutions tournent, tourbillonnent dans ma tête. Il ne comprend pas, ou bien il comprend sans comprendre réellement. Il arrive à me cerner sans savoir ce qui s’est passé. L’envie de lui dire tout de me confier enfin me tiraille mais je me tais comme lui. Il est trop silencieux. J’avais l’habitude de son silence et de son calme mais là j’aimerai qu’il me pousse qui m’arrache ce que je cache car je suis coincé dans ma propre honte et je ne peux lui dire. Je ne peux l’aider… Je ne suis bonne qu’à le blesser, comme je le fais toujours… La colère que j’éprouve ne lui est pas destinée mais je n’arrive plus à la canaliser. Je t’en prie Noah ne le prend pas contre toi. Dans le passé tu étais mon tout. J’ai toujours été en équilibre sur toi, Julia, Mia et Alison, maintenant que je n’ai plus personne je ne sais plus me contrôler. Si… si seulement… Je l’entends sans l’entendre, je le vois sans le voir. Je suis cette jeune fille du passé prisonnière dans une cage de verre qui regarde sa vie se dérouler devant ses yeux. J’ai beau frappé les murs même pas une petite vibration sous ses coups. Mon corps marche de long en large sans s’arrêter ignorant mes cris intérieurs, l’ignorant lui. « You know... Maybe you won't be the only one who'll feel it. I didn't tell you this because I thought you might be afraid, but... when I held your hand, or when I was next to you at the memorial, I felt something, like feelings. My memories may be gone, but it's as if my body doesn't want my feelings to be erased too. » Une seule vibration qui fait arrêter toutes la machinerie de mon corps. Un sobre saut de mon cœur. Un sentiment de résurrection. Comme si son corps refusait d’oublier ces sentiments… Je suis enfin prête à reprendre les rênes de mn corps quand tout s’écroule comme un château de cartes encore une fois… « But... maybe you're right. I know nothing. » La détresse de ces mots me poussent à lui faire face mais il m’a déjà tourné le dos et ouvert la porte. Le douloureux son de la clochette d’entrée est le courant d’air qui fait s’effondrer le château de cartes de mes sentiments. La porte se referme et mon esprit aussi. Mon corps tremble et fini par lui aussi s’effondrer. Le froid du sol n’arrange rien aux tremblements de mon corps qui ne cessent de s’accroitre. Les larmes ne viennent pourtant pas, les sanglots ne sont point au rendez-vous. Pitoyable est le seul mot qui raisonne dans ma tête, tandis qu’un autre bien caché souffle comme un vent traitre… abandon… Non je refuse de l’entendre de nouveau. C’est trop dur, trop douloureux. Inconsciemment ma main droite fait tourner avec violence les bracelets sur mon poignet gauche. « I can’t… Noah…. Please…. Please… co… back… come back… » Étouffés dans ma gorge je ne réussis qu’à murmurer tout cela. Je fixe la porte et tente de me relever en prenant appui sur la table la plus proche de moi mais retombe lourdement avec la sensation de picotement dans ma main. Je n’y prête pas plus attention et me relève pour sortir à la va vite. Je ne me suis pas retournée pas m’apercevoir de la présence du cutteur ensanglanté sur le sol ni de ma main teintée de rouge… Une fois dehors en t-shirt seulement je fixe les alentours sans le voir. « Please… don’t… » Je ne veux pas m’avouer vaincu aussi facilement je m’avance d’un côté puis reviens sur mes pas. Je le trouve enfin et mon cœur s’apaise doucement. Je vais pour faire un pas mais me ravise… je cherche dans ma poche de pantalon un moment avant d’en ressortir une petite chaine où pends une petit tête de panda. Je m’avance alors et lui tend. « You gave me this for my birthday. I love pandas ... And you knew ... You've often offered as the cd to get me in your world ... You loved my cupcakes, especially chocolate. Said, as this is ridiculous but I don't know how to do it ... » Je m’arrête un instant devant mes propos absurdes. Je ne sais pas ce qu’il veut savoir, je ne sais pas ce que je dois lui dire, lui montrer. Je me souviens de tout mais par où commencer. Je me sens idiote. « This is a silly stuff ... But I have pictures, videos, if you want ... I want to help you... Let me help you…However, if I do it, you must promise me one thing, no ... two things ... First: I have changed and if you remember one day you will notice ... I could not be the same as before but don’t judge me ... Second: Promise me forever .... Never you leave, without never to back ... Please ... promise me. » Je tremble de par le froid mais par les sentiments qui se bouscule en moi. Je veux être heureuse de le retrouver, mais la peur suscitée par cette petite voix qui me murmure qu’il peut à tout moment me quitter comme il l’a fait jadis, me gèle sur place. Je vais pour lui tendre la main mais me fige. Ma main est ensanglantée et je ne l’ai pas remarqué avant. Que faire ? Mon esprit se coupe du monde de nouveau et je me revois entre ces murs blancs, ces voix qui rigolent de ma folie, qui se réjouissent de mon état pitoyable. « I could never be as before… never… »

Spoiler:

The past ... this is all that I have now, Noah… Et moi c'est tout ce que je n'ai plus. Je ne peux même pas dire que je vis dans le passé. C'est un fait impossible. Certains me diront que c'est une chance. Et je leur répondrais que non. Ils ne savent pas. Ils ne savent pas ce que c'est, d'avoir l'impression d'être vide. Une coquille vide sans histoire. Un voyageur avec sa valise vide. Les autres, ont des valises remplies. Remplies de souvenirs, d'histoires à raconter, d'anecdotes, et certes, de douleurs. Mais c'est mieux que d'être quelqu'un sans histoire. Quelqu'un qui remplit sa mémoire avec des souvenirs qu'on lui raconte, des choses qu'il ne se souvient pas lui même avoir vécu. Elle fait toujours les cent pas et ça commence à me faire mal à la tête. Je finis, résigné, par répondre à l'une de ses affirmations énoncées quelques instants plus tôt. Comme quoi elle serait la seule à ressentir quelque chose. Sur un ton déçu de la tournure des choses, je finis par avouer, tout en ayant l'impression que dire cela ne changera pas grand chose. Je pousse la porte d'entrée et sors. L'air frais me glace le visage, mais qu'importe. L'air expiré, au contact de l'air froid, se transforme en fumée. Une image qui matérialise bien ce qu'il se passe dans ma tête. Je commence à me demander si c'était une bonne idée de venir ici, au final. Qu'est ce que j'y ai gagné ? De la confusion, encore et encore. Je me suis encore battu, comme avec ma mère. Mais je me suis aperçu que battre en retraite était le meilleur moyen d'éviter une bagarre de plus. Je ne forcerai pas la main à ceux qui ne voudront pas m'aider. Au moment où je me dis tant pis, je me débrouillerai seul, le carillon de la porte d'entrée retentit et j'aperçois la jeune femme sortir. Quelques secondes et son regard finit par tomber sur moi. Intrigué, je m'attends à ce que sa colère soit toujours présente. Elle finit par me tendre quelque chose, et je tends la main, paume ouverte, pour recevoir ce qu'elle tient dans la sienne. Un collier. You gave me this for my birthday. I love pandas ... And you knew ... You've often offered as the cd to get me in your world ... You loved my cupcakes, especially chocolate. Said, as this is ridiculous but I don't know how to do it ... Son ton a changé. La colère a disparu aussi vite qu'elle est arrivée, apparemment, et je suis rassurée de la voir ainsi à présent. Le calme semble être revenu. Je ne comprends pas de suite où elle veut en venir, et je la laisse continuer. This is a silly stuff ... But I have pictures, videos, if you want ... I want to help you... Let me help you…However, if I do it, you must promise me one thing, no ... two things ... First: I have changed and if you remember one day you will notice ... I could not be the same as before but don’t judge me ... Second: Promise me forever .... Never you leave, without never to back ... Please ... promise me. Et je comprends enfin, qu'elle veut m'aider. Un léger sourire se fait voir sur mon visage, rassuré, et plus apaisé que quelques instants auparavant. I don't even know myself if I'm the same as I was. But, I'm not going to judge you, all I see right now, is you, ready to help me. And I really appreciate. I lost too much, I'm not going to run, I just want to stay here. So, I promise you. Elle tend la main et alors que je m'apprête à la prendre, j'aperçois du sang sur celle ci. You're bleeding ! Fronçant les sourcils, ma main agrippe son poignet et je l'emmène de nouveau à l'intérieur. Je passe derrière le comptoir et entre en cuisine sans me poser de questions, pour trouver le robinet le plus proche et passer sa main sous l'eau pour nettoyer sa main et soulager la douleur. Je repense à ses dernières paroles. Je n'ai toujours pas compris pourquoi elle répétait cela, et j'ai l'impression que ces simples mots cachent quelque chose de plus profond. Tout le monde a des secrets. Moi, je les avais perdu. Mais j'avais la désagréable sensation que ma mère m'en cachait plein, de secrets. Et je ne voulais qu'une chose : les découvrir.

Spoiler:

THE LAST TIME

Une fois que je réussis à le trouver je me rends compte qu’il est sur ses gardes. Il fait surement bien de l’être avec une pareille girouette que moi. Pourtant il accepte de prendre le collier que je lui tends et je le laisse tomber sur sa paume tandis que je déballe des trucs absurdes et sans intérêt. Nous sommes probablement autant perdus l’un que l’autre mais même si je suis prête à l’aider je m’entête à m’assurer de le mettre en garde, pas pour moi-même si ça y semble fortement mais surtout pour lui. Peut-être est-ce réellement la distance qui nous séparer mais il n’en est pas sûr non plus, peut-être est-ce simplement à cause de moi. J’ai blessé tellement de gens autour de moi, je suis cette folle sortie de l’asile sur le point de commettre une autre erreur dans sa vie, alors je m’entête à essayer de le repousser, en m’accrochant à lui. Un parfait antagoniste s’opère en moi mais je n’arrive pas à choisir mon parti. « I don’t even know myself if I’m the same as I was… » « You… » Il ne se rend pas compte qu’il agit, réagit, parle comme il le faisait avant. Pour moi il n’a guère changé. Le Noah en face de moi semble être celui qui m’a baisé le front avant de monter dans le train pour New-York en me murmurant qu’il m’aimait. Je m’émerveille presque devant ce soulagement de non changement chez lui. Pourtant moi j’ai bien trop changé, trop perturbé par un passé, un vécu trop douloureux que la simple vu d’une main ensanglantée. Mon esprit semble être de nouveau prisonnier de ces quatre murs blanc où tout raisonne. J’ai envie de hurler mais aucun son à par des rires sinistres… Ce n’est seulement au contact froid de l’eau que je m’aperçoive, d’une de mon absence, mais aussi de notre présence nouvelle dans la cuisine. Mes yeux se posent sur Noah au visage dur, son regard fixant ma main. Non aucun changement malgré son amnésie… Je ne peux le nier… Mon regard à tellement arpenter ce visage aux doux traits. « You have not changed… You are the same… » Souffle-je dans un murmure. Je retire délicatement ma main de la sienne et lui fais alors dos. Je passe un torchon autour de ma main blessée et tremblante. « Nothing… It’s nothing, I usually… » Oui j’avais l’habitude de me blesser, j’étais devenue bien plus maladroite depuis mon retour, mais je n’avais plus l’habitude qu’on me porte une quelle conque attention et encore moins qu’on se soucie de moi. La blessure ne semble pas profonde mais ne s’arrête pas de saigner pour autant. Je sors de dessous le plan de travail une boite de premier secours et commence à me soigner seule par automatisme sans laisser mes pensées vagabonder vers lui. « Whatever you can say, you are the same… You take it and you react like clockwork when I hurt… You guess what i hide without that I talk… you… » Tu m’attires comme un aimant et m’apaise sans mot… Seulement ces dernières paroles me sont trop intimes pour que j’arrive à les lui dire. Je peine à finir mon pansement et m’arrête avant de le regarder hésitante. « Do you want eat or drink something before I show you… I have all the pictures here… I can get the videos at home… » Je me stoppe, me sentant bien stupide dans mes propositions, comme s’il allait vouloir s’assoir pour prendre le thé après les crises que je venais d’avoir… « That’s stupide… Surely you will prefer to watch at home, alone… I’ll go get you that… » Je repose le nécessaire pour mon pansement inachevé et passe à côté de lui pour retourner vers la salle pour prendre cette fameuse boite…

You have not changed… You are the same… J'entends ses paroles bien qu'elles soient prononcées dans un murmure, et quelque part, ça me rassure. Qu'au moins pour elle, je n'ai pas changé. Qu'au moins, malgré la mémoire effacée, une partie de moi restait constante, toujours là, toujours la même. Elle retire alors sa main et entreprend de faire un pansement. Même si je n'ai pas de souvenirs pour comparer son comportement habituel à celui d'aujourd'hui, j'ai bien l'impression que quelque chose est différent. Quelque chose qui la perturbe. Pendant le court trajet du dehors de la pâtisserie jusqu'au lavabo, elle était complètement ailleurs, presque inconsciente qu'elle traversait la pâtisserie à côté de moi. Peut être que ses paroles que je ne comprenais pas avaient un rapport avec ses absences. Poser la question maintenant était peut être un peu indiscret vu la situation. L'ambiance était revenue presque à la normale et je ne voulais pas risquer de la faire repartir dans une colère froide en lui en demandant trop. Je me contentai de rester là et l'observai, simplement. … You guess what i hide without that I talk… you… Je souris légèrement à ses paroles. Peut être parce que si ma mémoire était vide de tous nos souvenirs, il restait des traces, de l'instinct vis à vis d'elle. Mon corps n'avait pas oublié, lui. Ne sachant pas quoi dire, je ne prononçai pas un mot, me contentant de la regarder et la laissai continuer. Do you want eat or drink something before I show you… I have all the pictures here… I can get the videos at home… Alors que j'ouvre finalement la bouche pour répondre, elle continue. That’s stupide… Surely you will prefer to watch at home, alone… I’ll go get you that… Je soupire doucement, la voyant partir avant d'avoir fini son pansement. Prenant ce qu'il faut, je la suis dans la salle, avant de l'attraper par le bras et la stopper dans son élan. First of all, give me your hand. Rapidement, je finis son pansement resté inachevé - il faut toujours finir ce qu'on a commencé, et je n'allais pas la laisser filer sans s'être soignée d'abord. And if you have the cupcakes you told me I liked, I would like to have one, please.. Je demandais dans un sourire, sachant que d'infimes détails de mon passé pouvaient faire ressurgir des souvenirs. Qui ne tente rien n'a rien, après tout. Finally, I don't really want to watch the pictures and videos alone.. If.. If you don't mind, and if it's not too painful for you, could you stay with me? Si d'ordinaire, après les mensonges de Katia, je préférai découvrir tout tout seul, il s'avérait que là, River avait accepté de m'aider, et je préférai qu'elle soit à mes côtés lorsque je découvrirai ces souvenirs oubliés.

» + et du sel dans la gorge. (noah)

NEVER I COULD FORGET YOU (noah)

NEVER I COULD FORGET YOU (noah)

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